La seconde formule de l'imperatif categorique de Kant, qui invite a considerer l'humanite comme fin en soi, n'est pas sans rappeler la distinction augustinienne entre deux types de biens, ceux dont on se sert pour autre chose et ceux dont on jouit pour eux-memes et que l'on peut des lors appeler des "fins en soi." Est-il permis de lire l'imperatif categorique a la lumiere de ces categories? Ce debat a ete trop peu mene dans la litterature secondaire; or nous soutenons ici qu'une telle lecture est non seulement possible, mais qu'elle revele une proximite entre le theologien et le philosophe que la pensee moderne a plutot tendance a occulter. C'est par une anamnese de cette proximite autour du concept de l'amour que l'on degagera des pistes pour un dialogue renouvele entre un humanisme religieux et un humanisme seculier dans la foulee de Jurgen Habermas, dialogue dont l'urgence se fait sentir aujourd'hui peut-etre plus que jamais (on pensera ici aux enjeux discutes par Habermas et le cardinal Ratzinger en 2004). Cette recherche s'inscrit par la dans le cadre des reflexions recentes sur le sens a donner a la notion de dignite humaine."