Le recit biblique de Babel (Gn 11,1-9) a souvent ete interprete dans le contexte historique des grands Empires mesopotamiens. La ville avec sa tour, fut-elle religieuse ou militaire, ne serait autre que Babylone, dont elle partage le nom en hebreu, voire quelque capitale assyrienne. Le recit condamnerait ainsi la puissance et l'hybris de ces grandes civilisations et la dispersion et la confusion subsequentes manifesteraient la punition divine. Le but de cet ouvrage est de revisiter une telle hypothese, d'analyser le texte biblique a la lumiere des differents motifs litteraires communs a la litterature mesopotamienne, particulierement celui de la tete dans le ciel (Gn 11,4), et de montrer les fonctions que ces motifs occupent dans leurs differents contextes. Cette analyse comparative permet de souligner le repensement ideologique, theologique mais egalement anthropologique, qui s'effectue dans le recit qui clot l'histoire des origines et ouvre celle des patriarches.