Nous sommes ouverts, nous aspirons mme, un bonheur infini et imprissable. Cet lan nous traverse par clairs ou nous soulve durablement: lorsque nous ressentons des moments de plnitude qui nous donnent entrevoir et esprer l'Absolu. Ou, l'inverse, lorsque les maux et malheurs des hommes sont tellement inacceptables et rvoltants qu'on prouve l'imprieuse ncessit de rebondir dans l'espoir d'un autre monde lumineux, entirement libr du mal. Cependant, pour atteindre ces buts gratifiants, il faudrait que nous fussions vivants pour toujours dans un au-del qui nous chappe, capables de traverser victorieusement notre triste et inluctable condition mortelle. Question: sommes-nous donc des tres contradictoires et apparemment mal fagots, par constitution ? Avides d'un bonheur complet et dfinitif qui nous rassasie entirement, mais en dpit de cette soif, des tres limits et mortels dont le destin clos est de disparatre inexorablement ? Deux solutions: consentir notre finitude irrmdiable et sans issue, attitude de dmission rsigne ou stoque, souvent influence par le positivisme et le scientisme ambiant. Ou bien, nous laisser emporter par la puissance des dsirs immenses qui nous visitent et rjouissent l'esprit et le coeur. Bien des personnes authentiquement religieuses accdent spontanment cette voie. Le choix ici propos, de faon laque, de la deuxime solution, n'est pas un doux rve compensatoire et inconsistant: il prend appui sur une vision d'anthropologie mtaphysique et morale - aujourd'hui largement ignore ou rejete - philosophiquement rigoureuse et bien outille.