Ce dictionnaire propose un depassement du cadre de la religion grecque pour s'ouvrir sur les notions que les Grecs ont echafaudees dans leur relation incertaine au sacre. Il prend autant acte de l'absence du mot religion dans le vocabulaire grec classique que de la seule certitude des Grecs: l'inconnaissance des mortels. Le paganisme grec est au croisement de deux attitudes complementaires: l'une mentale, l'autre gestuelle. Les Grecs avaient la certitude d'etre plonges dans l'inconnaissance du sacre: pas de Revelation, pas de credo (selon les criteres monotheistes). Et pourtant, les dieux semblent etre une evidence pour eux. Alors, ils menageront leur inconnaissance en une double administration solidement fermee: celle du sacre absolument inseparable de celle de la cite. En quittant le seul chemin de la religion pour celui plus elargi du paganisme, le lecteur decouvrira de nombreuses particularites: ce ne sont ni les participations aux cultes, ni les pelerinages vers les sanctuaires des mysteres qui prennent soin de l'ame, mais la philosophie; ce n'est pas le dieu qui repond a l'oracle, mais une rhetorique bien huilee selon des questions prealablement fermees; mais encore qu'un dieu a l'ambivalence d'etre autant un tout que son contraire... L'etude du paganisme deborde sur des sujets apparemment divers, mais pourtant soudes: statut du nouveau-ne; condition de la femme; theme du fils jamais ne; approche des etrangers et de leurs dieux; interrogations sur la mort des dieux, sur le sens a donner a un sanctuaire ou a un autel, au sang verse ou a la virginite, a une priere ou a l'abandon des dieux... (voir la table des matieres)