La dose de violence modele le discours poetique de Saint-John PERSE et de Leopold-Sedar SENGHOR. L'elan du motif agressif fait de la poesie une forme d'expression qui ne cesse de durcir pour mieux s'adoucir. Si la violence secoue la poesie, c'est dans le but d'en faire un mythe, une mythologie humaine dont le fondement est justement la parole. Sentir la violence, dire la violence, c'est engager l'imaginaire dans une reflexion metaphysique ou le laid se declare beau par la voie du mythe. De l'allegorie a l'intuition, de l'intuition a l'allegorie, Anabase et Ethiopiques marquent ces moments ou l'identification de l'etre poetique se fait a travers une agitation referentielle dans le temps et dans l'espace. Le poete penetre l'intimite du monde en y semant et recoltant, a la fois, les mots necessaires a l'expression de la plus haute tentation."