Excavations est le quatri'me recueil de po'sie de Saint Hu+tre. On ne se l've pas un matin en se disant qu'on va 'crire de la po'sie. La mati're est d'j l, partout et en toutes circonstances, elle ne demande qu' 'tre articul'e. Il y a un tissu de m'moires enfouies, mais actives, cr'pitant la lueur d'une stimulation souvent anodine comme entendre par hasard une chanson qu'on avait oubli', retrouver une photo au fond d'un tiroir, sentir un parfum dans la rue, etc. Ce qui nous fait rire ou pleurer peut n''tre peru que comme un 'lan spontan', cependant il suffit d'investiguer en soi pour constater que l'expression de nos r'actions, face au flot constant d''motions qui nous submergent, diverge d'un individu l'autre. C'est cela que le titre du recueil Excavations fait r'f'rence. Au-del de la perception du ressenti au moment pr'sent de l''criture, j'ai creus' plus en profondeur pour atteindre si ce n'est la ou les sources du vertige, l'origine de la formation de certains 'tats chaotiques. Nous nous construisons tout au long de notre existence une identit' fond'e sur des exp'riences v'cues, ressenties ou enseign'es - ce qui parfois nous r'unit autour d'un sentiment commun. Il peut 'tre difficile de mettre des mots sur ces 'motions et sur leurs origines. Il arrive fr'quemment que les origines pr'sum'es ne soient qu'un 'cran de fum'e dissimulant quelque chose d'indicible, d'inatteignable ou d'inintelligible. Ce n'est rien. La mati're extraite des galeries 'motionnelles est raffin'e de sorte atteindre sa forme po'tique. Qu'importe si celle-ci est fid'le un quelconque ressenti personnel pourvu qu'elle devienne le r'ceptacle d'un po'me partager. Creuser aux origines des 'motions est un processus qui g'n're des surprises, des mines d'or, mais aussi des coups de grisou. Invoquer les souvenirs comporte des risques pour peu qu'on s'y attache. Il convient donc de s'ancrer au pr'sent lors de ces exp'ditions et de savoir restituer au pass' ce qui lui appartient. Apr's tout, ce n'est qu'une banale entreprise de po'sie. En entamant, fin 2015, l''criture de ce recueil, je n'imaginais srement pas devoir y inclure, en ouverture, un texte li' aux attentats qui venaient de se produire. Le po'me intitul' Treize novembre de merde est le constat d'une fracture mentale plus que d'une recherche volontaire. crit dans l'urgence, pour colmater les br'ches, j'ai d'cid' de le conserver en m'moire des victimes et de nous tous, ceux qui restent, pour qui la blessure ne sera sans doute jamais tout fait gu'rie. S.H.