Il faut vous dire d'abord ce que je suis, car vous ne me connaissez gu re. Je ne suis qu'un homme du peuple, un paysan comme vous, sans pr tention au beau langage. Ce que je sais, je l'ai appris tout seul, en prenant sur mon sommeil pour tudier. Toutefois, pour n' tre pas un avocat, on n'en a pas moins quelque entendement. Et je vais vous raconter la petite victoire lectorale que le paysan Caboche, avec son gros bon sens et son humble parlotte, remporta sur les matadors de sa commune. On pense g n ralement dans nos villages que la politique est difficile comprendre et d'ailleurs inutile, tandis que c'est, au contraire, la chose la plus simple et la plus importante. La politique, c'est tout bonnement la direction de nos affaires, c'est l'instruction de nos enfants, c'est la paix ou la guerre, ce sont les imp ts, les chemins, c'est le choix de nos maires, de nos d put s. M'est avis seulement que si l'on nommait l'Assembl e moins de beaux parleurs qui ne servent qu' tout embrouiller, et plus de gens solides et sens s, moins de royalistes, de richards qui ne songent qu' sauver leurs cus, et plus de r publicains d vou s la cause du peuple, on pourrait s'entendre et fonder une bonne R publique...