Toutes sortes de pratiques inedites plus ou moins spectaculaires, relevant a la fois du genie genetique, de l'industrie agro-alimentaire et de la mobilisation politique, ont modifie en profondeur le compagnonnage immemorial entre l'homme et la bete qui ne semblait pas, naguere encore, poser de difficultes particulieres. Parallelement, le developpement des sciences cognitives, les avancees de l'ethologie, la reception croissante de theses issues de la psychologie evolutionniste ont rendu de moins en moins plausible l'idee selon laquelle il existerait un propre de l'homme ou une difference ontologique qui mettrait l'humanite a part de l'animalite et, au propre comme au figure, de ses contaminations. Alors que l'animal est devenu, dans le sillage de l'ecologie, une veritable question de societe, ce volume entend faire le point surla situation contemporaine et envisager les perspectives ethiques et juridiques nouvelles qu'elle rend possible. Qu'est-ce que l'animal a ou est que nous n'avons ou ne sommes pas, autrement que nous l'avons ou que nous le sommes, que nous ne pouvons ni avoir ni etre? Comment vivrecette difference, qui ne tient pas tant a la nature respective des animaux et des humains qu'aux relations de fait et de droit que nous acceptons ou refusons de soutenir avec eux d'une part, ainsi qu'aux concepts, aux fantasmes et aux techniques au moyen desquels nous les decrivons, les imaginons et les utilisons d'autre part? Qu'en faire? Ces interrogations ne peuvent trouver de reponse qu'a travers une analyse pluridisciplinaire des representations et des pratiques de l'animal, qui convoque ici l'anthropologie philosophique et la phenomenologie, l'ethologie et la psychanalyse, la philosophie morale et la bioethique, l'histoire et le droit.