Ce qui surprend chez Mircea Eliade, depuis son enfance, c'est l'imagination débordante, l'extraordinaire capacité d'autosuggestion. C¿est l¿époque où l¿invention se poursuit avec de nouveaux événements traduisant le besoin existentiel de sortir du quotidian gris et prévisible. D¿ici jusqüà la prise de conscience du fait que sous le pouvoir de l'inspiration on peut écrire aussi facilement comme on suit les événements imaginés sur son propre écran n'est plus qu'un pas à faire. De tels rêves à l'état de veille seront plus tard un moyen de se débarrasser de ce que l'auteur appelle la terreur de l'histoire, mais leur manière de se manifester concentre aussi en eux-mêmes la technique créative de l'écrivain. Il sait que l'écriture nécessite un état de félicité (semblable à la célèbre inspiration romantique), sans laquelle l'expérience échoue. Dans le besoin intérieur de rêverie - nourri aussi par les lectures extrêmement prolifiques (l'élève Eliade arrive à lire à un moment donné un livre de Balzac par jour!) ¿ on doit chercher les explications de la stable propension de l'écrivain, tout au long de son existence, vers le fantastique.