Nouara, qui tait g e peine de 13 ans, mais l'esprit de curiosit tr s d velopp , entendait le bruit sourd des impacts, mais pensait, comme tous les autres adultes profanes en la mati re, qu'il s'agissait de bandits qui testaient la vigilance des habitants tant le secret tait jalousement gard entre les membres de la r bellion. Ce qui n'emp cha pas du reste les services de propagande de l'administration coloniale qui tentaient de les discr diter aux yeux des civils, de s'ing nier r pandre la hantise au sein des populations de ceux qu'ils affublaient du qualificatif de Fellaghas. Ils leur donnaient m me le doux nom d' gorgeurs. Mais tr s vite la population d couvrira qu'il ne s'agissait au contraire que d'une organisation des Moudjahidines, d cid e en finir une fois pour toutes avec ces envahisseurs qui devenaient de plus en plus ind sirables. L'arm e rappelait les r servistes autochtones pour ne pas dire la chair canons que repr sentait ce r servoir d'indig nes. Les nouvelles recrues taient cueillies dans les Djem s, les souks et les caf s maures. Abdellah, lui, eu gard son pass militaire, sera activement recherch par la gendarmerie coloniale pour tre r int gr la compagnie de chasseurs alpins camp e depuis 1956 Agouni Adella. Convoqu maintes reprises, mais au lieu de prendre le chemin de la caserne du Roumi, il lui a pr f r la direction oppos e: celle des maquis escarp s de l'ALN. Et cet homme qui avait fait ses classes dans une arm e moderne ne tardera pas attirer l'attention des premiers responsables de la r bellion, en particulier de Amar Ait Cheikh, dont il deviendra un compagnon ins parable. D s les premi res ann es de l'insurrection il se fera remarquer par ses exploits aux cot s du l gendaire baroudeur Da Amar dit Si Salah. Ils combattront ensemble et porteront des coups durs l'ordre colonial au point o leurs familles, en guise de repr sailles feront l'objet de harc lements incessants, de torture, d'assassinats. Leurs biens et leurs demeures seront mises sac ou carr ment incendi s. Leur d termination chasser l'occupant ne leur laissera aucune alternative que celle de combattre et de mourir pour la libert . Ces deux ic nes de la r volution tomberont, trop t t pour la cause juste du peuple, cote cote dans un combat acharn qu'ils livreront aux troupes des 1ere, 2eme et 3eme compagnies des chasseurs alpins r unis dans un vaste ratissage au coeur des maquis escarpes situ s entre les villages Ait Antar et Ibelkissen. D'autres combattants tomberont galement sous le feu nourri de fusils mitrailleurs durant ce vaste ratissage organis sur instigation d'un collaborateur qui venait de rallier les forces ennemies. Il s'agit de Mohamed Ath Meddour, un kabyle et n anmoins rescap de l'arm e fran aise de la campagne d'Indochine. Nous tions le 11 Aout 1956. Abdellah venait d'avoir ses 22 ans.