" Toute guerre semble devoir engendrer des haines nationales. Des griefs purement politiques ne touchent que le petit nombre; les masses ne comprennent bien la guerre et n'en acceptent ais ment les sacrifices que sous la forme d'injustices punir ou d'injures venger. Aussi d s qu'une rupture est imminente entre deux peuples, tout ce qui peut les exciter l'un contre l'autre trouve ais ment cr dit des deux parts. Toutes les rancunes de date ancienne ou r cente se ramassent en un seul sentiment de col re, que viennent bient t alimenter les violences trop r elles ins parables de l' tat de guerre Ces haines si subitement closes tombent en g n ral avec le motif qui les a fait na tre. La paix ram ne des int r ts et des besoins qui s'accommodent mal de ces sentiments. La guerre d'ailleurs par un effet qui peut d'abord para tre contradictoire, travaille souvent les affaiblir: en rapprochant ceux qu'elle met aux prises, elle leur apprend se conna tre, s'estimer. Tout en s'entre-tuant, ils se sentent unis par la communaut des devoirs, et la lutte des armes leur donne l'occasion de rivaliser des m mes vertus. Or ces vertus, auxquelles aucune arm e n'est enti rement trang re, sont la fois les plus nobles et les plus sympathiques. La g n rosit , la bont , s'y joignent l'honneur et au courage. Vainqueur ou vaincu, il en co te d'autant moins de rendre hommage ces qualit s chez un adversaire que c'est une fa on de rehausser sa victoire ou d'att nuer sa d faite. L'estime se changera m me en un sentiment plus doux, si, prisonnier ou bless , on a t l'objet de soins, d' gards, d'attentions d licates. Ici le rapprochement se fera non plus seulement de soldat soldat, mais de famille famille, et par l de peuple peuple..."