er avril 1474, deux enfants se tenant par la main entraient Marseille par la porte d'Aix. L'un tait un gar on, l'autre une fille. leur parfaite ressemblance on devinait qu'ils taient fr re et soeur; le fr re pouvait avoir dix ans, la soeur huit. Leurs v tements, bien que d'une toffe de prix, tombaient en lambeaux, et leurs pieds nus et sanglants t moignaient de la longue course qu'ils avaient t oblig s de faire pied. Leurs traits distingu s et charmants taient empreints d'une tristesse ordinairement inconnue leur ge. Le soleil tant tr s chaud, les deux petits voyageurs cherch rent de l'oeil un abri; l'antique abbaye de Saint-Victor, qu'ils aper urent leur gauche, leur promettant repos et solitude, ils s'engag rent dans ses ruines majestueuses et hardies. Apr s avoir march quelque temps au milieu des pierres et sous les vo tes encore existantes de cet ancien clo tre, ils aper urent, travers les crois es sans contrevent, un d licieux jardin rempli d'ombre et de fra cheur. Ces deux enfants s'y dirig rent simultan ment, sans se communiquer leur projet; on aurait dit qu'une seule pens e les faisait se mouvoir