Avec ces Lettres familieres, Jan Herman rend hommage aux collegues et amis qui ont rendu son parcours academique heureux. A la fin de sa carriere d'enseignant a la KU Leuven, il lui semble juste de leur renvoyer quelques lectures du roman du XVIIIe siecle qu'ils ont inspirees par leur enseignement, leurs ecrits, leur intelligence et sensibilite ou dont ils ont lu et relu avec generosite et devouement des versions anterieures. Dans une cinquantaine d'analyses, Jan Herman montre que le discours romanesque du long XVIIIe siecle propose une pluralite de contrats de lecture. A un yge ou les Lettres sont encore largement gouvernees par la Rhetorique, la narration fictionnelle lui apparait comme le vehicule d'un argument. La facon dont cet argument 'informe' la narration constitue la legitimite du roman par rapport aux autres discours - philosophique, moral, theologique, esthetique a - qui composent le systeme discursif de l'epoque. Ce systeme est essentiellement celui des Lumieres francaises, mais les analyses proposees ici menent tout naturellement a l'etude d'un assez large corpus de romans anglais, italiens et allemands. Jan Herman epouse la conception bakhtinienne selon laquelle le roman est en soi un massif stratifie et heterogene de discours qui interagissent au sein d'une narration. Le discours romanesques fait dialoguer la partie avec le tout, le oui avec le non, le long avec le bref, le prive avec le public, le meme avec l'autre, le present avec l'absent, etc. Cet Espace dialogique du roman est explore dans la Deuxieme Partie de ce recueil. La Premiere Partie est entierement vouee a la relation dialogique entre un Dieu-Ecrivain et un Ecrivain-Dieu. Sous le titre de Providences romanesques, Jan Herman etudie le rapport entre un romancier qui se veut maitre de sa creation et des personnages qui ignorent son existence mais croient en une instance transcendante qui les surveille, les guide, les console, punit les vices et recompense les vertus. Providence, Destin, Fortune, Etoile, sort, hasard, occasion, libre arbitre, gryce, chance a sont des idees qui contredisent le pouvoir du romancier dans la mesure ou elles renvoient a l'existence d'un Dieu-ecrivain qui compose non pas le livre que nous lisons, mais le Livre des Destinees. Jan Herman est professeur emerite de la KU Leuven o- il a enseigne de 1989 a 2019 la litterature francaise d'Ancien Regime. Avec ses recherches il veut contribuer a la construction d'une Poetique historique du roman. Dans cette perspective, il a publie Le Mensonge romanesque (1989), Anthologie de prefaces de romanciers anonymes ou marginaux (1997), (avec C. Angelet) Recueil de Prefaces de romans du XVIIIe siecle (1998), (avec M. Kozul et N. Kremer) Le Roman veritable (2008), Le Recit genetique au XVIIIe siecle, (avec J. Cormier) Lenglet-Dufresnoy. Ecrits inedits sur le roman.