Malraux et le sacré: se trouvent ainsi réunis un auteur et une notion qu’on ne songerait sans doute pas à associer. Il est vrai que la très grande diversité de l’œuvre de Malraux, successivement dandy condamné pour vol, sympathisant communiste, volontaire en Espagne, agent de la Résistance, ministre de la culture, enfin esthète plongé dans la réflexion sur l’art, que cette diversité a contribué à un certain cloisonnement des lecteurs. Cet ouvrage intéressera ceux d’entre eux – principalement chercheurs et étudiants – qui veulent comprendre l’apparente disparité d’une oeuvre dont l’itinéraire donne parfois l’impression de brouiller les pistes qui mènent à sa révélation. Repliée sur le secret dont la solution éclairerait son sens profond, l’œuvre de Malraux est une oeuvre codée. Le sacré s’y présente dans un mouvement de constante métamorphose qui touche le développement chronologique de l’histoire de l’humanité à travers l’art. Mais le sacré a une autre dimension: il touche aussi l’insondable de l’homme - cette « part de lui-même qui lui échappe » et le relie aux origines de sa race. Malraux confie à ses personnages de fiction le soin de l’incarner, de même qu’il laisse échapper dans ses écrits autobiographiques la peur que cette descente lui inspire. Cet ouvrage démontre l’équivalence de ces deux manifestations du sacré malrucien: en remontant dans l’histoire de l’homme et de son génie créateur, on descend inévitablement vers les tréfonds de l’homme, ce « misérable petit tas de secrets ». Le sacré chez Malraux? C’est le sésame qui permet de faire communiquer toutes les chambres apparemment closes d’un univers créatif riche en miroirs à la fois tentants et trompeurs. C’est aussi le souffle d’une oeuvre qui se révèle alors profondément inspirée.