Cet essai philosophique et littéraire poursuit une double visée. Il cherche dans un premier temps à démontrer que les romans analysés (« La caverne » de José Saramago et l'« Invitation au supplice » de Vladimir Nabokov) thématisent et réalisent une critique de la représentation, en reprenant certaines modalités du procès adressé par Platon à la mimèsis. L'ouvrage explicite ensuite en quoi cette critique correspond à une recherche éthique, entendue comme volonté de compréhension de soi. Cette quête est rendue possible par la reconnaissance de la fonction de médiation propre au récit. En se basant sur le concept d'identité narrative de Paul Ricœur, l'analyse des régimes de lecture de Richard St-Gelais et la critique de la modernité de Walter Benjamin, Simon Castonguay retrace le parcours herméneutique emprunté à la fois par des personnages dénonçant un monde artificiel et inhumain et par le lecteur qui, inévitablement, apprend à se distancier du régime de la représentation. Cette double lecture permet ainsi d'interpréter simultanément leur situation commune : ils poursuivent une recherche sur la signification de leur condition ontologique, en devenant miroirs l'un pour l'autre.