Ce travail confronte différents genres littéraires dans l'œuvre de Camilo José Cela afin de dégager la poétique de la narration de cet auteur. À l'analyse, on se rend compte que l'esthétique de la nouvelle dépasse les frontières de ce genre et informe l'œuvre entière du Nobel. Aussi bien dans le roman que dans la nouvelle et le récit de voyage, Cela développe une poétique du fragment et de la discontinuité. Ses œuvres se construisent sur la base d'unités narratives brèves disposées selon le principe de la parataxe. Les marqueurs génériques manquent de pertinence puisque le terme « apuntes », c'est-à-dire « notes », qui désigne la nouvelle pourrait s'appliquer au roman qui évacue toute véritable intrigue et au récit de voyage qui la réduit au minimum. En l'absence d'une histoire solide, force centripète du récit, l'épisode et le tableau l'emportent sur la trame. Le détail occupe le premier plan tandis que le récit réduit le monde représenté à quelques traits. Quelle que soit l'œuvre, l'écriture célienne est marquée du sceau du « dire bref » dont participe encore l'oralité du discours. Cet art de la brièveté imprime un style unique -le ''célisme''- aux œuvres de l'écrivain de Padrón.