... On n' branle pas la v rit d'une science, par exemple de la morale, en montrant que son objet comme science est restreint. Au contraire, restreindre une science, c'est souvent lui donner un plus grand caract re de certitude: la chimie n'est qu'une alchimie restreinte aux faits observables. De m me nous croyons que la morale purement scientifique doit ne pas pr tendre tout embrasser, et que, loin de vouloir exag rer l' tendue de son domaine, elle doit travailler elle-m me le d limiter. Il faut qu'elle consente dire avec franchise: dans tel cas je ne puis rien vous prescrire imp rativement au nom du devoir; plus d'obligation alors, ni de sanction; consultez vos instincts les plus profonds, vos sympathies les plus vivaces, vos r pugnances les plus normales et les plus humaines; faites ensuite des hypoth ses m taphysiques sur le fond des choses, sur la destin e des tres et la v tre propre; vous tes abandonn s, partir de ce point pr cis, votre self-government . - C'est la libert en morale, consistant non dans l'absence de tout r glement, mais dans l'abstention du r glement scientifique toutes les fois qu'il ne peut se justifier avec une suffisante rigueur. Alors commence en morale, la part de la sp culation philosophique, que la science positive ne peut ni supprimer, ni enti rement suppl er. Lorsqu'on gravit une montagne, il arrive qu' un certain moment on est envelopp dans des nuages qui cachent le sommet, on est perdu dans l'obscurit . Ainsi en est-il sur les hauteurs de la pens e: une partie de la morale, celle qui vient se confondre avec la m taphysique, peut- tre jamais cach e dans les nuages, mais il faut qu'elle ait aussi une base solide et qu'on sache avec pr cision le point o l'homme doit se r signer entrer dans le nuage...