" L' ge viril de l' loquence politique commence chez nous en 1789; de cette poque datent sa gloire et sa puissance, car c'est alors seulement que la nation fran aise, ma tresse d'elle-m me, a pu lever la voix avec autorit , exprimer librement toute sa pens e et d clarer ses volont s la tribune. Est-ce dire pourtant qu'avant cet affranchissement d finitif, avant cet av nement de la souverainet nationale, la parole n'ait exerc aucune action efficace sur la conduite des affaires publiques dans notre pays ? Est-ce dire que, sous l'ancien r gime, les destin es de la France aient t enti rement livr es aux caprices irresponsables des gouvernemens de silence absolu, des g nies de politique secr te et de despotisme taciturne, ou, ce qui est une pire infortune, des taciturnes sans g nie ? Ou bien, si, par intervalles, quelques g n reuses inspirations, saisissant l'occasion d' clater, secouaient et r veillaient l'esprit public, ces saillies impr vues d'une loquence qui tonnait tout le monde et s'ignorait elle-m me se sont-elles vanouies sans trouver d' cho, sans laisser de trace; n'ont-elles point m rit d' tre recueillies et conserv es par la reconnaissance ou l'admiration des hommes ? L'histoire, scrupuleusement interrog e, fournit une ample r ponse cette double question..."