D'avril à juillet 1994, des centaines de milliers de Rwandais tutsis furent victimes d'un génocide organisé par les autorités du pays. Confrontés à ce meurtre de masse, beaucoup de journalistes virent dans l'affrontement supposé ancestral entre deux ethnies, les Hutus et les Tutsis, une cause profonde du génocide. Contre la vulgate du « conflit interethnique » séculaire, cet ouvrage examine la reconstruction idéologique de l'histoire du Rwanda et de son voisin, le Burundi. La couverture journalistique du génocide des Burundais hutus, en 1972, puis celle du génocide des Rwandais tutsis de 1994, par des quotidiens nationaux français et belges francophones, sont analysées dans la seconde partie de l'ouvrage. La presse occulta presque le premier génocide dans la région des Grands Lacs : en 1972, les journaux se contentèrent de mobiliser les poncifs de la lutte tribale en guise d'« analyse ». Vingt ans plus tard, une grille de lecture particulière continue d'être appliquée aux crises africaines, en dépit d'une certaine distanciation envers les stéréotypes ethniques et raciaux hérités du passé colonial.