" Les graves v nements survenus en l'Europe depuis un an n'ont pas absorb l'attention g n rale au point de laisser passer inaper us les faits qui viennent de s'accomplir dans l'Asie centrale, et qui ont si profond ment modifi les conditions politiques de cette partie de l'Orient. D j il y a pr s de trente ans une situation analogue avait r pandu dans l'Inde une panique qui poussa les Anglais, d sireux de neutraliser les progr s de la Russie, entreprendre cette exp dition de l'Afghanistan qui fut aussi d sastreuse dans-ses r sultats qu'elle avait t impolitique et tourdie dans sa conception. Aujourd'hui, s'il faut s'en rapporter au ton g n ral, de la presse anglo-indienne, la marche des arm es russes sur l'Oxus et leur pr sence cent cinquante lieues des fronti res de l'Inde ne pr occupent que m diocrement l'Angleterre, peut- tre m me la pr occupent-elles moins que nous. Sans rechercher la raison de ce revirement, je veux essayer de prouver trois choses dont je suis fermement convaincu: d'abord l'invasion, puis la conqu te du Turkestan par les Russes n'a t qu'un acte de l gitime d fense; elle n'est mena ante pour aucun int r t europ en, pas plus pour l'Inde anglaise que pour nous; enfin, bien loin d' tre une calamit pour les populations conquises, elle est la seule voie de salut ouverte ces peuples, ternellement incapables de s'organiser et de se gouverner seuls..."