Depuis l'invention du fast-food aux Etats-Unis, dans les années 1950, norme de consommation − une clientèle pressée et économe − et norme des produits − des denrées rapidement périssables − se répondent. La production s'y fait en juste à temps. Et même s'il ne s'agit que d'une trouvaille empirique, le principe productif du fast-food consolide la matrice classique de rationalisation du travail et de la production. C'est le flux tendu, au travail essentiellement pauvre. Les équipiers sont très souvent jeunes; ils entrent et sortent dans les établissements à un rythme effréné. Grâce à une étude, que nous avons menée chez McDonald's, Quick et Pizza Hut, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il faut réaliser deux conditions pour faire vivre cette industrie. 1/ Du turn-over: cela permet la seule présence dans les restaurants des équipiers dévoués à leur enseigne, tels les ouvrières dans leur ruche, chez les abeilles; 2/ Une disponibilité structurelle de cette main-d'œuvre potentielle sur le marché du travail: les enseignes trouvent aisément et en permanence, des jeunes ayant envie de participer à la société de consommation.